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Dans la peau  d’un ventre dodu

Il n’est pas question de faire des généralités mais de parler du quotidien d’un ventre gourmand qu’il est difficile d’aimer et d’assumer pleinement quand la société actuelle souhaite le contrôler. Au point que certaines actions de tous les jours en deviennent douloureuses

C’est sans aucun doute le mal aimé de la bande. Pourtant, c’est celui qui fait le plus parler de lui : le ventre, le bidon, la bedaine… Un.e français.e sur deux le désigne comme étant la partie la plus complexante du corps devant les fesses, les hanches ou même les jambes. Il faut dire qu’il ne fait pas grand chose pour se faire accepter. Trop gonflé, trop gros, trop gras, trop poilu, trop marqué mais jamais trop top. Il y a bien eu des époques, aussi rares soient-elles, où le ventre charnu était bien vu car il était gage de bonne santé et de richesse. Aujourd’hui, avoir du bide c’est se laisser aller, c’est manquer de contrôle. 

 

Une chose que la société ne manque pas de (lui) rappeler. Comme lorsqu’un magazine classé « féminin » révèle les secrets pour avoir un ventre plat ou partage des recettes amincissantes pour préparer son Summer body. Ou lorsqu’un médecin trouve normal d’avoir mal au dos quand on a un gros ventre. Et parce que le ventre a le mérite d’inspirer une certaine égalité, les autres saisons ne sont pas laissées de côté. Tout au long de sa journée et de sa vie, le ventre subit les critiques lorsqu’il ne répond pas aux critères de beauté en vigueur. 

 

Une journée typique 

 

Être l’heureux.se propriétaire d’un ventre qui pendouille c’est courageux mais c’est surtout prenant. Au réveil, c’est un gros quart d’heure pour réaliser que les rêves n’existent pas. Donc quand il pense au hamburger qu’il va manger sans que celui-ci ne laisse la moindre trace de son passage, c’est faux. C’est une trentaine de minutes de larmes pour choisir une tenue. Une tenue qui lui va. Parce que le pantalon acheté spécialement pour lui la semaine passée et qui ne dépasse pas les poignées d’amour, ce n’est pas possible. Par contre, le jean où le bouton reste ouvert ça, ça passe. Sauf, quand son confrère le cerveau a récemment passé une commande composée uniquement de crop top après avoir vu un ventre semblable au sien les porter magnifiquement bien. Il n’est pas devin, il ne pouvait pas prévoir que le résultat ne serait pas aussi incroyable sur son ami ventre. D’autant plus, il ne faudrait pas que ce bout de peau qui prend tranquillement l’air, soit perçu comme un appel à la provocation allant contre notre très chère « tenue républicaine ».  

 

C’est aussi une digestion sans fin qui lui cause régulièrement des après-midi douloureux comme le constate régulièrement jambe, son acolyte « ça joue beaucoup sur son moral, dans ces moments-là, il se dit qu’il devrait faire plus attention à ce qu’il mange. Une chose qui ferait, sans aucun doute, plaisir à sa mère et au reste de sa famille qui aime lui rappeler qu’il n’est pas beau ». Heureusement pour lui, les magazines ont la solution : commencer sans tarder un régime sans gluten, sans fodmaps (un mot barbare pour désigner certains glucides ou les alcools peu absorbés par l’intestin grêle) et ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. 

Sinon, plus radical, les pubs minceurs qui passent en boucle à la télévision et qui sont à l’origine du sauté de goûter. Pas cool. Car l’estomac n’est pas le deuxième cerveau du corps humain pour rien : il culpabilise. Souvent. Toujours. Comme après avoir ingurgité son troisième fast-food de la semaine avec supplément apéro avec des amis.es tous les soirs. Ou lorsqu’il ne fait pas les exercices de gainage recommandés par son médecin pour renforcer sa ceinture dorsale, parce que mine de rien la brioche, ça pèse.

 

Les coups de pouce

 

Il faut toutefois reconnaître les qualités du ventre dodu, parce qu’il y en a. Déjà, il est accueillant et rassurant, c’est réconfortant de se reposer sur lui. Il est curieux, toujours à l’affût du nouveau restaurant qui ouvre dans son quartier car il en a de l’appétit. Un appétit pas seulement alimentaire mais aussi sexuel d’après son voisin sein « la graisse fabrique en grande quantité des oestrogènes, soit l’hormone sexuelle chez la femme. Plus il y a de gras, plus il y a de plaisir ». Une observation faite également du côté des hommes qui, avec plus de bidon, produisent plus d’estradiol une autre hormone sexuelle permettant de retarder l’orgasme et d’allonger les rapports charnels. Des arguments qui ne font pourtant pas le poids face aux diktats de beauté, plus fort que le « je-m’en-foutisme » que ventre aimerait porter haut et fort. Et ça tous les jours de l’année…

 

Car si en hiver ventre peut se réfugier sous des couches et des couches de vêtements pour rester au chaud, en été c’est moins facile parce que le Summer body quand tu ne l’as pas ça devient le Seumer body. Pourquoi ? Parce qu’il est à la vue de tous.tes, malmené par cerveau qui regrette toutes ces soirées où il aurait pu faire du sport et manger équilibré. A la place, il n’a pas d’autre choix que de se badigeonner de crème pour perdre quelques centimètres  ou de s’entourer d’une ceinture gainante car après tout, elles ont été créées pour lui. Il en a de la chance. Ventre plat peut-il en dire autant ? Pas sûr. 

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